La métropole n’est pas neutre. Métropoliser, entendre l’acte de faire métropole, ne l’est pas davantage. Il est essentiel avant toute chose de comprendre pourquoi nous travaillons aujourd’hui non plus sur la ville de Marseille mais bien sur la métropole Aix-Marseille. C’est également une porte d’entrée pour comprendre l’intime relation qu’entretient ce projet et les ambitions de la métropole. Les quelques réflexions à venir sont le travail d’un semestre qui fut un point de départ dans l’examen minutieux de la fabrique de la métropole marseillaise.
La métropolisation est un processus. Cela implique un certain nombre d’opérations qui affectent la ville dans ses formes et dans ses fonctions. S’il fallait décrire ce qu’est la métropolisation, on pourrait la désigner par le mouvement de concentration de populations, d’activités et de valeurs dans des ensembles urbains de grande taille. Cette concentration spatiale des fonctions stratégiques de la ville peut avoir plusieurs facteurs. On remarque cependant que les raisons économiques sont le plus souvent prépondérantes. Dans un monde globalisé, au système économique également globalisé, les politiques menées localement ne peuvent ignorer cette globalisation. La métropolisation est une des réponses à cet état de fait.
Il faut donc entendre l’acte de métropolisation comme une réponse à la compétitivité économique nécessaire et inhérent au système économique actuel. Plus simplement, qualifions la métropole comme un outil à même de faire face aux maux dont souffre Marseille, ville désignée comme la plus pauvre de France. Cela a deux avantages très clair, le premier étant l’apport de ressource financière importante mais également la constitution de concertation impliquant de nombreux acteurs pour une réflexion globale du territoire marseillais. En sommes, c’est fabriquer une vision à long terme tout en s’en donnant les moyens. Cela implique de grand bouleversement urbain à l’image du projet d’Euromediterranée, figure de proue de la métropole, que l’on pourrait aisément qualifier de violent. Cette appréciation tient à sa caractéristique première, celui de sa création ex-nihilo.
« Dans les quartiers transformés par le projet d’Euromediterranée, il apparait plus qu’ailleurs une homogénéité caractéristique de la fabrication de nouveaux quartiers. Le temps n’a pas encore fait son office et cela apparait comme criant lorsque l’on s’y ballade. Le temps, justement, permet l’appropriation et les mutations permettant d’atteindre un équilibre dans son fonctionnement. Cet équilibre est possible mais il ne peut advenir que s’il est mis en balance par des forces existantes.
Cela amène naturellement la première conclusion de ce mémoire qui n’est rien d’autre qu’une des grandes maraudes de l’architecture : Le projet ne peut s’affranchir d’un site. Il ne peut faire fi de ce qui l’entoure et c’est bien là une des récurrences de la fabrique de la ville contemporaine. Cela on l’a vu pour des considérations économiques et de rentabilité. C’est bien là un des drames de cette fabrique de la ville qui soustrait au dialogue et à l’échange, ce qui ressemble bien plus à une confrontation stérile. »
Nous concluions nos travaux sur cet appel à la mesure, au bien fait propre aux temps longs et à la prise en compte d’un passé devenue histoire commune à même de constituer une base pérenne pour le futur de Marseille. Ce constat est au cœur des volontés engagées dans ce projet.
Deux paradigmes s’opposent donc dans la fabrique de la ville contemporaine. Celui d’une volonté de rentabilité traduit par des temps courts face à l’existence d’une histoire et d’un équilibre d’une vie locale de quartier. La métropole doit donc s’inscrire en considérant la nécessaire mutation de Marseille mais sans nier sa caractéristique intrinsèque de ville du sud, portuaire et deux fois millénaire. C’est donc dans la synthèse que pourra s’épanouir une vision juste et crédible de cette métropole du sud. C’est en abordant ces deux échelles complémentaires ; celle du grand territoire Marseillais, et celle d’une intervention plus cadrée sur des préoccupations locales.